Gainsbourg a su s’entourer d’un grand décorateur, Théo Meurisse (qui a travaillé avec Jean-Pierre Melville, Claude Sautet, Bertrand Blier) et d’un chef opérateur de grande valeur, le Belge Willy Kurant, qui a notamment œuvré aux côtés de Varda, Orson Welles, Godard, Pialat, Skolimowski. 

Chronique d'une passion taraudée par le mal-être, Je t'aime moi non plus donne à découvrir des lambeaux de l'identité morcelée de Serge Gainsbourg. Impossible d'enlever à cet objet passionné, construit à la vie à la mort, son romantisme fougueux, ses embrasements fièvreux et sensuels. C'est un beau film, pas nécessairement abouti, mais qu'on préfère à bien des films tiédasses et convenus. Celui-ci continue de nous ravager de l'intérieur sans que l'on sache très bien pourquoi.

Gainsbourg retrouve la force d'évocation du meilleur cinéma américain, celui des années 50. Ce film cru, sans complaisance à la sensiblerie et à la bienséance, couvre d'une immense tendresse ces trois paumés du sexe. Avec ce premier film underground français, Gainsbourg s'affirme déjà comme une véritable auteur.