Film d'immersion, La fracture filme son unique décor, un hôpital parisien, comme un théâtre où petits drames et sketchs se bousculent, notamment ceux de Valeria Bruni Tedeschi, au summum du burlesque. Si le film paraît assez didactique dans la manière qu’il a d’opposer puis de faire se rencontrer des mondes qui d’ordinaire ne se rencontrent pas, il décrit, et l’exercice est périlleux, avec un certain allant, une drôlerie mais aussi une gravité, l’invraisemblable, l’ineptie loufoque de ce qui se joue dans ce lieu, au travers d’une mise en scène nerveuse qui rappelle un peu la fièvre et l’épuisement du cinéma de Maïwenn.  

S'il y a clairement plusieurs films en un, des  hauts et des bas dans la narration, il y a aussi des saillies tendres ou tragi-comiques fascinantes, drolatiques, dont une performance sur-vitaminée de Valeria Bruni-Tedeschi. Même si le propos social est parfois trop surligné, il y a une finesse dans l’écriture qui rend ce film autrement intrigant, séduisant. Assez singulier en tout cas pour remporter le morceau. 

De ce film surgit un véritable humour, féroce et vivifiant pour contrer une rage sociale non dissimulée. Cet hôpital, structure chancelante, fonctionne comme une unité de lieu tendue, mais aussi tel un véritable théâtre pour les comédiens, tous convaincants, notamment une Valeria Bruni Tedeschi survoltée.

Un spectacle réjouissant avec une Marina Foïs implacable, un Pio Marmaï bouleversant et une Valeria Bruni Tedeschi au sommet de son art.

Un huis clos habilement écrit avec des airs vaudevillesques.

Emporté, enfiévré et hautement tragi-comique, ce film réussit la greffe du sous-genre Ma nuit aux urgences sur la crise sociale des gilets jaunes.