Au-delà du constat social sans concession, le film est aussi une singulière et émouvante histoire d'amour aux images somptueuses.

Triste destin que celui de ce remarquable film naturaliste censuré puis retiré des salles chinoises après y avoir rencontré le succès. Il est vrai que le portait que Li Ruijun dresse de son pays n’est guère flatteur, entre la rudesse d’un milieu paysan archaïque et les manœuvres cyniques d’élites sans scrupule précipitant sa fin. Mais dans cette misère d’un autre temps éclot une pudique et émouvante histoire d’amour à laquelle le cinéaste donne une beauté quasi-picturale.

Li Ruijun a tourné au fil des saisons, en famille, ce beau film touchant, couleur de terre, d'une grande douceur. D'abord censuré, le film a été définitivement interdit par le gouvernement chinois au bout de deux mois.

Li Ruijun n'a pas peur de la grande fresque. Il inscrit ses personnages de damnés de la terre dans une large perspective historique et pointe de la caméra la destruction d'un mode de vie, celui de la paysannerie chinoise rythmée jusque là par les saisons et les intempéries.

Le rapport à la nature et aux éléments évoque le panthéisme de Terrence Malick, l’âpreté en plus. Vous n'oublierez pas ce couple d'amoureux bancals d'une rectitude bouleversante.

Plus qu’un film, Le retour des hirondelles est un immense chant d’amour, de poésie et d’humanité.