C’est une œuvre qu’il faut appréhender dans sa nature aérienne et détachée du réel. Tout est faux et tout est vrai dans cette fiction qui s’appuie sur des contes traditionnels asiatiques ou des expériences religieuses de moines. Le temps est suspendu.

Quel bien curieux film que signe là Miguel Gomes. Entre le drame, la romance désenchantée, le film d’aventure, l’œuvre expérimentale, le road trip et la comédie, Grand Tour est une sorte de douce folie ubuesque, comme habitée par une fièvre délirante qui contamine tant l’histoire que les personnages ou la mise en scène.

Il s'agit là d'un tourbillon kaléidoscopique, d'une boucle où les espaces-temps se fondent autant qu'ils se diffractent.

Un film joueur qui offre une expérience cinématographique fascinant.

Un récit teinté d'ironie mélancolique sur un fond de colonialisme conscient de sa vanité et de sa finitude. Cette expérience formelle et sensible n'a pas de véritable équivalent au cinéma aujourd'hui.